Confection d'un livre artisanal
Ca faisait un petit bout de temps que je voulais montrer en détail un projet que j'ai réalisé il y a quelques temps déjà : la confection d'un livre entièrement "maison".
La tâche était bien entendu de tout faire, de la saisie du texte jusqu'aux collages finaux. J'avais en tête l'édition du poème de John Keats, "Hypérion" qui se trouve assez difficilement en librairie : un poche Gallimard John Keats, Poèmes et poésies, avec une traduction de Paul Gallimard, et un ouvrage de l'Imprimerie nationale, avec une traduction de Robert Ellrodt. Le premier ne contient que la version française du poème (et une traduction parfois douteuse), alors que le second était plus complet et bilingue. Mais connaissant mieux la version de Paul Gallimard, c'est celle que j'ai saisie à la base, et que j'ai ensuite réadaptée en regard de celle de Robert Ellrodt (pour la VO, je l'ai directement récupérée du site johnkeats.com).
Bref, passons à la partie technique, but de mon message ici ^^'. Il y a eu bien sûr une partie de mise en pages, puis d'impression (imposition des pages, etc.) et enfin de confection de l'ouvrage en lui-même.
Si je comptais à la base en faire un paquet, je n'ai finalement fait que deux exemplaires, deux versions un peu différentes : une reliée avec couverture rigide (hardcover), et l'autre en brochée avec couverture souple (paperback)
Voilà les deux bêtes.
Celui du dessus/gauche, c'est le relié : on remarque une plus grosse couverture, en carton, et il y a même tout un tas d'options en plus : tranchefile (c'est l'espèce de morceau de tissu en haut et en bas qui cache la fente entre les pages et le dos de couverture (ce que les gens appellent à tort "tranche")), signet (marque-pages), et pages de garde (noires hé hé hé). Le second est beaucoup plus simple.
Haut de couverture de la version brochée | Signet et tranchefile de la version reliée |
Les cahiers cousus et collés (version reliée) | Un coin de couverture (version reliée) |
la version reliée et ses pages de garde noires
Les dos
les quatrièmes de couverture
Bon on remarque sur la version cartonnée que la couverture n'a pas toujours supporté les multiples tâtonnements lors de la confection : les bords sont usés et les pliures sont assez grossières ^^'.
Un gros plan du dos avant le montage sur la couverture. On y voit bien la tarlatane, le tranchefile et le signet
Photo de mauvaise qualité de la couverture avant collage et pliage: les 3 pièces de carton et les découpes spécifiques pour que les bords soient bien recouverts. C'est ce qu'on appelle une reliure à dos brisé (d'où l'intérêt d'utiliser des tranchefiles : pour éviter que la poussière se glisse dans la fente).
Et voici quelques pages de l'intérieur, les cahiers et leur couture étant exactement identiques dans les deux versions (disons, à l'exception des pages de garde noires de l'exemplaire relié). Le texte est en police Garamond, fer à gauche (ça veut dire qu'il n'est pas justifié). J'ai opté pour ce format carré, car je voulais qu'aucun vers ne soit coupé ! J'ai donc choisi une longueur de marge légèrement supérieure à la longueur du plus long vers...
Page de faux-titre
Page de titre
Début du livre I
Une page ("Théia ! Théia ! Théia ! Où est Saturne ?")
Une double-page avec le signet
Le poème en fin d'ouvrage avec la signature de John Keats
L'image finale, aquarelle de Joseph Severn représentant John Keats sur son lit de mort, à Rome...
Les deux ouvrages en situation dans un rayonnage ^^'
Et pour ceux qui s'intéressent un peu plus à la couverture !
Cliquez dessus pour une plus grande version
Bien sûr l'ISBN et le code-barres sont faux ^^. Mon idée était vraiment de faire un livre sombre, et que le titre soit une fenêtre vers la lumière et l'horizon. Dans le poème, Hypérion représente l'espoir des Titans, guidés par Saturne, qui sont en train de perdre la guerre face aux dieux de l'Olympe. Hypérion, gardien du soleil et de la lumière, sera par la suite détrôné par Apollon, et Saturne, par Jupiter, alias Zeus ^^ (c'est pour cela que dans le ciel, les planètes se trouvant derrière Jupiter ont souvent des noms de Titans, comme Saturne ou Uranus. Elles sont "occultées" par la grande, la puissante Jupiter ^^). On sait que la lutte est veine, que l'avènement des dieux olympiens ne pourra être retardé, c'est pour cela que je voulais aussi que la couverture soit mélancolique, un peu figée, et que malgré le rayon de soleil, la couleur reste pâle et écrasée par le noir environnant.
A part cette idée centrale, dans la couverture, je ne voulais d'ailleurs rien d'autre, excepté bien sûr l'auteur et l'éditeur, qui se fondent bien dans le noir.
Voilà ^^ J'espère que ce panorama d'un livre artisanal vous aura intéressé, et qui sait peut-être, donné l'envie d'en faire un vous-même ? Peut-être que prochainement, si on me le demande, je remettrai précisément toutes les étapes de la confection une par une !